La journée de la Césarienne
Aujourd'hui, plusieurs blogueuses qui l'ont vécue ont décidé que c'était la journée de la césarienne !
Allez lire leurs pages : Maman... What else ?, Cranemou, Un blog, une maman, e-Zabel, Le Blog de MamaFunky, elles sont formidables !
Et j'ai eu envie de participer, même si je n'y avais pas été invitée!, pour apporter mon témoignage aussi...
Parce que moi, ma césarienne, je l'ai bien vécue ; au moins jusqu'à la sortie du bloc !
18 mars 2008
Je suis à 8 mois et 1 semaine de grossesse, j'ai 43 ans, c'est mon 1er bébé, je fais du diabète gestationnel et les médecins ont décidé de provoquer l'accouchement aujourd'hui, pour éviter que ma fille ne soit trop grosse à la naissance, ils ont peur qu'elle dépasse les 4 kg...
Nous arrivons, avec mon amour, à la Polyclinique vers 8h du matin.
On nous installe dans une salle d'accouchement, pour l'examen et poser la petite éponge d'hormones qui doivent déclencher le travail. Le col n'est pas ouvert, on pose l'éponge ; un monitoring plus tard, le col n'a toujours pas bougé, ça risque d'être long...
On m'envoie donc installer mes petites affaires dans ma chambre et me promener jusque vers 15h, heure prévue du prochain examen.
Il est 10h30 environ et nous commençons, bras dessus, bras dessous, à faire des tours dans l'enceinte de l'hôpital. Il fait froid, il neigeote un peu, je crois. J'ai des contractions, de plus en plus fortes mais espacées. On remonte pour déjeuner et puis on repart...
Et j'ai de plus en plus mal et surtout, l'impression que, à part cette douleur, rien ne se passe.
Vers 14h, j'ai trop mal. Je dis trop parce que je ne suis pas douillette et plutôt du genre, si on me dit de revenir à 15h, à ne revenir que vers 15h30, pour "tenir" !
Là, justement, je ne tiens plus.
On m'installe à nouveau : le col n'a pas bougé, re-monitoring ; euhhhh, c'est mon cœur, ça ? Non, celui du bébé ? Il est un peu lent, non ? C'est la question que nous posons à l'élève sage-femme, un garçon formidable, qui s'occupe de moi depuis le matin.
"Je reviens", nous dit-il...
Il revient avec la sage-femme : "j'appelle l'interne"...
L'interne : "j'appelle le chef de service"...
A ce moment là, j'ai su que quelque chose n'allait pas.
Plusieurs personnes ont défilé dans la chambre et la décision est tombée : il faut faire une césarienne d'urgence, le bébé souffre. Les contractions sont très fortes, d'où la douleur, mais pas efficaces.
Mon cœur s'est serré d'angoisse, elle souffrait ; je lui faisait mal avec mes contractions si fortes et inutiles.
J'ai versé quelques larmes et puis je me suis laissée aller, emmener, pour elle, parce qu'il le fallait.
Et puis aussi parce que, vu mon âge, j'avais souvent pensé que je risquais d'accoucher par césarienne. Je n'ai pas le souvenir d'en avoir spécialement parlé aux médecins mais je m'étais documentée, je crois que j'en avais parlé à la sage-femme, tout de même.
Au blog, tout s'est très bien passé.
L'anesthésiste d'abord : très sympathique, il a juste flippé un peu parce que ma tension était montée à 18, alors que j'avais tourné à 11 pendant toute la grossesse ! 5 mn plus tard, le temps que je digère l'idée de ce qui allait se passer, c'était ma 1ère opération!, tout était redevenu normal.
En avant pour la péridurale... Parfait, je ne sens plus rien et on m'a laissé mes lunettes ! Ce n'est pas un détail : je suis très myope et j'ai horreur d'être dans le brouillard.
On discute avec l'anesthésiste et son infirmière, ils me font rire, je ne sais plus pourquoi mais je me souviens de l'obstétricienne qui me demande d'arrêter parce qu'elle a du mal à ouvrir !!!
Je "sens" un peu ce qui se passe mais ça ne me dérange pas ; je crois que j'aimerais bien voir, même ! Je demande qu'on m'explique et une sage-femme commente...
Et tout à coup je sens ma fille qui sort et, quelques secondes plus tard, je l'entends ! Et mes larmes coulent de joie, elle est là, elle est en vie.
On me la montre quelques instants seulement, le temps de l'effleurer de mes lèvres et de remarquer qu'elle a les mêmes petits orteils que son père !
Et on l'emmène, vers lui et les premiers soins.
Là commence l'attente.
Pendant qu'on me recoud, j'espère la vraie rencontre : elle se fera l'espace de quelques instants seulement, avant qu'on m'emmène en salle de réveil. Juste le temps de 2 ou 3 photos, je ne peux même pas la prendre vraiment dans mes bras.
Moi qui avait rêvé de la tétée de bienvenue !
Et 4 heures en salle de réveil, que c'est long... Envie de me lever et de partir la rejoindre, les rejoindre !
J'ai retrouvé MissT vers 21 h seulement, alors qu'elle est née à 16h !
En fait, ce qu'on a "oublié" de me dire, c'est qu'elle avait beaucoup souffert ; que c'est pour cela que je n'avais pas pu la voir plus tôt. Que c'est elle qui devait se reposer, pas moi !
Cela, je ne l'ai découvert que plus tard, lors de l'accouchement d'une amie, le 13 avril suivant, par césarienne en urgence. Elle a très mal vécue sa césarienne mais elle a pu faire une tétée d'accueil, elle !
C'est là que j'ai commencé à réaliser qu'on l'avait échappé belle, et aussi à en vouloir aux médecins de ne pas me l'avoir dit ! J'aurais préféré savoir pourquoi je ne pouvais pas la voir plutôt que de m'énerver toute seule en salle de réveil.
Voilà, c'est le seul bémol de cette journée : ces non-dits.
Et si j'avais pu, si je pouvais avoir un autre enfant, je n'aurais rien contre une nouvelle césarienne ! J'essaierai juste de rencontrer mon enfant au plus tôt...
Depuis ce jour, MissT est là, c'est la seule chose qui compte et restera à tout jamais de cette journée !